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Tout sur l’équalisation : le guide ultime

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Vous êtes-vous déjà retrouvé devant un equalizer (EQ ou égaliseur en français), et de ne pas savoir comment vous y prendre ni comment le régler ?

Du coup, vous y allez à tâtons. Cela va bien donner quelque chose… Alors on fait joujou. Et à chaque réglage, le son se déforme. C’est rigolo, mais ça n’apporte rien.

La première fois que j’ai demandé à quoi cela servait, on m’a dit qu’on pouvait pousser ou réduire certaines fréquences. Du coup, comme beaucoup, j’ai boosté les basses et les aigus. Ça pète ! Mais en fait, le son devenait de plus en plus pourri…

Vous devez donc savoir ce qu’il faut augmenter ou réduire, et pourquoi. Je vais vous montrer par où commencer, et vous aurez plusieurs usages concrets.

Les zones (bandes) de référence

On dit traditionnellement que l’oreille humaine entend de 20 Hz à 20 kHz.

Tout d’abord, nous allons définir des zones audibles afin d’avoir la même référence.

Nous en distinguerons 4 :

  • les graves (de 20 Hz à 200 Hz),
  • les bas-médiums (de 200 Hz à 2 kHz),
  • les haut-médiums (de 2 kHz à 6 kHz),
  • et les aigus (de 6 kHz à 20 kHz).

Vous comprendrez les limites des 2 petits boutons « bass » et « treble » de nos chaînes Hi-Fi !

Ces zones peuvent varier d’un livre à un autre, elles sont donc données ici à titre indicatif afin de fixer les idées.

C’est bon, vous avez ce qu’il faut pour commencer. C’est parti…

Voici 8 façons d’utiliser un EQ

1. Évitez la surenchère

Au début, votre premier réflexe sera de pousser certaines fréquences. Ce n’est pas la bonne démarche.

Certes, sur le moment, vous allez mieux entendre la fréquence boostée, mais cela risque de rompre l’équilibre de votre mix. Comme vous entendrez votre instrument plus fort, vous allez en pousser un autre pour équilibrer, puis un autre, et cela finira en surenchère avec un énorme brouhaha.

Vous devez avoir cette idée en tête : baissez certaines fréquences plutôt qu’augmenter.

En procédant ainsi, vous penserez plutôt à intégrer vos instruments dans votre mix plutôt qu’à tout booster.

Cette erreur est la première, mais aussi la plus importante. Vous verrez dans les points suivants que cette idée sera tout le temps appliquée.

2. N’utilisez pas de presets

Si vous êtes bloqué ou perdu, vous allez chercher des solutions. Du coup, vous tomberez certainement sur des plugins avec des presets.

Peut-être irez-vous également sur YouTube ou ailleurs, et que vous noterez les réglages qu’ils ont faits pour les appliquer à vos pistes.

Ne vous inquiétez pas, je l’ai fait aussi…

… mais c’est une grave erreur !

Chaque instrument a des caractéristiques sonores différentes. Et chaque prise de son donnera aussi des résultats différents suivant le matériel utilisé, le lieu et les réglages. De même, chaque chanson est différente, et l’équilibre sonore ne peut pas être le même partout.

Du coup, inclure des réglages venus d’ailleurs est très malvenu !

N’utilisez donc pas ces réglages. Par contre, au début, vous pouvez regarder ce qu’il y a dans les presets pour jeter un coup d’œil.

Je m’explique.

Si vous regardez les courbes, analysez-les, et tentez de comprendre ce qui a été appliqué. Une fois la notion comprise, à vous de l’appliquer si (et seulement si) vous trouvez cela judicieux dans votre cas, en réglant finement par vous-même. Tentez de comprendre pourquoi telle ou telle fréquence est réduite ou boostée. Ce travail d’analyse pourra donner quelques principes et ne peut à mon avis pas faire de mal.

Pour certains autres effets, des presets peuvent être appliqués, mais rarement pour les EQ.

Nous avons vu les 2 principales erreurs, voyons maintenant ce qu’il convient de faire.

3. Définir la bande passante

Qu’est-ce que c’est que ça ? La bande passante ?

C’est la plage de fréquence dans laquelle votre instrument sonnera.

Vous vous doutez bien qu’une cymbale et une grosse caisse ne jouent pas dans les mêmes fréquences.

Définir la bande passante signifie imposer des limites dans les graves et les aigus. Tout ce qui dépasse d’un côté comme de l’autre nuira au mix, et n’apportera que confusion.

Pour ce faire, nous allons utiliser 2 filtres.

Le filtre coupe-bas (ou passe-haut)

Ce filtre permet de couper ou d’atténuer les basses fréquences, sans toucher aux aigus.

Vous pouvez avoir des réglages drastiques ou plus atténués en jouant sur la pente :

Exemple concret : la note la plus grave d’une guitare est le mi (mi corde à vide). Sa fréquence se situe à environ 80 Hz. Il est donc inutile de garder les fréquences en-dessous de 80 Hz. Appliquez donc un coupe-bas dans cette zone.

Le filtre passe-bas (ou coupe-haut)

C’est l’opposé du précédent. Il permet de couper les hautes fréquences, sans action sur les basses.

Comment pour le précédent, vous pouvez jouer sur la pente.

Écoutez vos pistes une à une, et jouez sur les filtres en coupant ce qui est inutile. Définissez les basses fréquences à supprimer, et faites de même dans les aigus.

Petite remarque sur les aigus : ils donnent une brillance au son, mais ils peuvent aussi fatiguer l’oreille à la longue. Soyez vigilent.

4. Éviter le masquage

Cette application des EQ est peut-être la plus importante.

Vous devez savoir que certains instruments jouent sur des bandes de fréquences communes ou voisines. De ce fait, vous risquez un phénomène de masquage sur ces bandes. Cela signifie qu’il y a trop de choses au même endroit, qu’il y a des conflits qui rendent le son confus.

L’exemple par excellence est le conflit grosse caisse / guitare basse. Tous les 2 jouent dans les basses fréquences. Du coup, elles risquent de se recouvrir l’une et l’autre, et on ne distingue plus rien en bas du spectre (dans les graves).

La solution consistera à utiliser les EQ pour façonner les fréquences de manière différente pour les 2 éléments.

Cette méthode est valable pour tous les conflits. Un piano et une guitare peuvent aussi entrer en conflit par exemple.

De même, pour mieux entendre le chant, plutôt que de pousser son volume à fond, vérifiez s’il n’y a pas un instrument qui le « masque ». Dans ce cas, réduire les niveaux à ces endroits aura des résultats magiques ! Et ce, en évitant la surenchère sonore qui ne mène à rien…

Apprenez donc à connaître où se trouvent la zone de fréquence de chaque instrument (voir le paragraphe sur la bande passante), et à baisser des zones de fréquences par endroits.

On conseille souvent d’utiliser vos oreilles, mais au début c’est assez compliqué quand on n’a pas l’habitude. Vous apprendrez à entendre ce qu’il faut grâce à la pratique. Dans un premier temps, vous pouvez utiliser les vu-mètres qui indiquent le spectre par instrument.

Comme nous l’avons vu, il ne sert à rien de vous donner des fréquences à modifier, car elles dépendent des instruments, de la prise de son, de l’endroit où vous jouez, et même du morceau. Par exemple, une guitare jouée dans les aigus ne doit pas être réglée comme un gros power chord dans les graves.

Cela dépend aussi de tout ce que vous avez comme instruments dans votre session : il n’y a pas forcément les mêmes masquages si les instruments sont différents.

Comment filtrer tout cela ?

On utilise des EQ paramétriques ou à bandes.

Voici la procédure :

  • Vous sélectionnez la bande de fréquence à modifier,
  • Vous l’augmentez ou la baissez, je rappelle qu’il est plus judicieux de commencer par baisser !
  • Vous réglez le facteur de qualité Q : c’est la largeur de la bande, utile pour affecter les fréquences voisines.

Vous pouvez aussi baisser toute une zone dans les graves et les aigus en utilisant le low shelf et le high shelf. Cela ressemble à notre coupe-haut et coupe-bas de tout-à-l’heure. La différence est qu’on ne supprime pas les hautes ou les basses fréquences, on baisse ou augmente leur volume.

Un EQ à bandes fonctionne de la même manière, mais sera limité par le nombre de bandes. Vous en devinerez son usage rien qu’en en voyant l’allure :

Pas de facteur de qualité, des zones fixes, mais cela peut être utile. Vous réglez chaque bouton et visualisez ainsi votre courbe d’équalisation grâce aux potards.

Une petite remarque sur le mixage de plusieurs instruments. Le but est de tout entendre distinctement. J’ai mis du temps à me rendre compte qu’il ne fallait pas forcément chercher à ce que chaque instrument sonne comme s’il était seul.

Lorsque votre mix est terminé, et que vous écoutez vos instruments seuls un à un, il ne sonnera pas forcément bien tout seul. Forcément, vous avez touché à sa sonorité de départ, le son n’est plus le même qu’à la prise. Il prend toute son ampleur DANS LE MIX !

C’est pour cela qu’il faut au maximum effectuer vos réglages en écoutant plusieurs instruments à la fois, dès que c’est possible, et non seul. Ce n’est pas facile au début, mais indispensable.

5. Supprimer les défauts

Nous avons déjà bien dégrossi le sujet. Vous savez maintenant qu’il faut définir la bande passante de chaque instrument et éviter les masquages. Il nous reste encore à utiliser les EQ pour supprimer ou atténuer des zones indésirables, comme des résonnances, des sonorités désagréables ou encore les suraigus qui saoulent à la longue.

Écoutez attentivement vos pistes, et tentez d’identifier les zones qui posent problème. Le problème, c’est qu’au début, on a du mal à définir ces zones rien qu’à l’écoute. Vous pouvez utiliser un plugin qui permet d’isoler et d’écouter chaque bande séparément si vous en avez un.

Dans le cas contraire :

  • Choisissez une zone dans l’extrême grave,
  • Réglez le facteur de qualité Q de sorte à avoir une bande fine,
  • Amplifiez la zone au maximum,
  • Balayez tout le spectre jusqu’à ce que vous entendiez les défauts, comme des résonnances ou des bruits trop métalliques par exemple.

Dès que vous identifiez une zone à problème, vous baissez son niveau et réglez son facteur de qualité Q jusqu’à votre convenance. Il ne faut pas forcément la mettre à 0, mais enlever quelques décibels (dB). Ces réglages, par contre, ne dépendent que de vous, de votre oreille et de vos goûts personnels.

Ensuite, vous continuez à balayer pour traiter toute la bande de fréquence. Vous obtiendrez un graphique qui peut ressembler à cela :

Vous avez remarqué que nous avons beaucoup utilisé les EQ. Si vous n’avez pas assez de bandes pour tout faire, mettez-en un autre dans votre chaîne d’effets.

L’EQ utilisé ici (le Cambridge de chez UAD) a un son très neutre. D’autres plugins auront plus ou moins de précision, tout dépend de leur qualité. Il y a aussi des EQ qui émulent du hardware vintage (des machines de studio de légende) comme le Pultec par exemple :

Regardez les réglages, ils ne sont pas sorciers. Comme pour les autres, on choisit la fréquence, le facteur de qualité Q (rappelez-vous : la largeur de bande) et le gain (pour pousser ou baisser le niveau). Ces plugins ajoutent une coloration au son ou une certaine chaleur. Cela explique l’intérêt d’utiliser un plugin plutôt qu’un autre.

Conseil : ne perdez pas votre temps à en tester 100, ou à essayer chaque modèle qui sort. Dès que vous en trouvez quelques-uns qui vous plaisent, apprenez à les maîtriser. À moins, bien sûr, que vous disposiez de beaucoup de temps…

6. Enlever de la présence à un instrument

Bien souvent, la zone des médiums d’un instrument a un son qui ne nous semble pas bon, ou ne nous semble pas très naturel.

Faites l’expérience suivante : prenez une piste de guitare ou de chant par exemple, et monter fortement les médiums vers 1 kHz, avec une large bande (petit facteur de qualité Q).

Vous entendrez un son qui vous rappellera à coup sûr les radios ou les télés avec une mauvaise qualité de son. On procède d’ailleurs ainsi pour rendre une voix ultra-vintage.

Cette zone, disais-je, n’est pas très agréable quand elle est écoutée seule. Faites maintenant l’expérience de la baisser drastiquement :

Vous verrez que la voix semble perdre de son coffre, de son ampleur.

Hé bien cela peut vous être très utile. Si un instrument vous semble trop présent, vous pouvez baisser ses médiums.

7. Éloigner un instrument

Dans un mix, vous devrez apprendre à donner de la profondeur à votre mix. C’est donner l’illusion que vous avez une distance différente entre vous et chacun des instruments.

Pour ce faire, il faudra apprendre à vous servir de la réverbération (en abrégé : réverbe). J’en parle dans l’article dédié à la réverbération que vous trouverez ici.

Par contre, vous vous êtes certainement déjà rendu compte que plus vous vous éloignez d’une source sonore, moins vous entendez les aigus (ou plus vous entendez les graves).

Rien de plus facile à vérifier.

Vous vous baladez, et vous entendez de la musique au loin. Vous commencez par entendre le « BOUM BOUM » de la grosse caisse. Et plus vous vous rapprochez, plus vous entendrez le reste.

De même, si vous allez près d’une salle de concert sans y entrer, vous entendrez surtout les basses.

Vous voulez reculez un instrument ? Utilisez un coupe-haut ou un high-shelf.

N’y allez pas au bazooka, mais cette astuce peut vous être très utile.

Pour le reste, il faudra lire le chapitre sur la réverbe.

8. Utiliser un EQ avec un autre effet

Quand j’ai vu ça pour la première fois, je dois bien avouer que je suis tombé des nues…

C’était déjà assez compliqué à utiliser comme ça (ce livre n’existait pas encore ! LOL), et il fallait en plus apprendre à combiner les EQ avec d’autres effets !

Finalement, ce n’est pas si compliqué.

On peut le faire de 2 façons :

  • Soit vous l’appliquez AVANT un autre effet,
  • Soit APRÈS.

Voyons ça…

En entrée

On applique souvent un EQ en début de chaîne d’effet. Dans ce cas, il sert en général surtout de nettoyage fréquentiel, pour enlever les défauts.

Ensuite, si vous ajouter un compresseur, son action sera très différente si le signal entrant possède beaucoup de graves ou non. Nous verrons cela dans le chapitre sur le compresseur.

En sortie

Vous pouvez mettre un EQ plus loin dans la chaîne d’effets. Il servira alors à colorer le son.

On peut aussi equalizer une réverbe. C’est extrêmement utile et facile. Vous appliquez une réverbe à votre piste, puis vous mettez un EQ juste après. Bien souvent, cet EQ sera même intégré au plugin de réverbe. Cela vous permettra par exemple de baisser les graves et les aigus de cette réverbe. Vous éviterez ainsi un brouhaha confus dans les graves, et une résonnance trop forte dans les aigus.

Votre mixage sera bien plus clair.

Dans tous les cas, évitez à tout prix le petit-bonheur-la-chance dans le placement de l’EQ dans la chaîne. Pour ma part, cela a toujours été une perte de temps.

Aller plus loin encore

En utilisant le routing de vos pistes, vous pouvez séparer un instrument en 2 zones de fréquence (ou plus), et appliquer un effet différent à chaque zone.

La mise en pratique dépendra de votre logiciel MAO.

  • Dans Cubase, vous coupez la sortie de la piste (en supprimant master). Vous envoyez ensuite en send vers 2 pistes d’effets différentes.
  • Vous créez 2 pistes d’effets. Ceux que vous voulez appliquer sur chaque zone.
  • En entrée de chaque piste, vous mettez un EQ avant l’effet. Pour ne pas perdre de signal, la fréquence du passe-bas de l’un correspond à celle du passe-haut de l’autre.

Et là, ça ne rigole pas ! Tout est possible…

Vous savez maintenant pourquoi on utilise les EQ, et par quel bout commencer à les utiliser. Ayez en tête de ne pas les utiliser n’importe comment, mais ayez une raison précise de les utiliser.

À force, vous allez acquérir une méthode et en plus votre oreille s’affinera.

C’est parti, pour commencer déterminez la bande passante de chaque instrument.

Go !

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