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Les 11 règles du mixage. Tout pour réussir vos mix.

Mixage : les 11 règles indispensables

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Vos prises de son sont terminées ? Ça y est, vous êtes prêt pour le mix.

Vous êtes devant votre ordinateur, et là les ennuis commencent.

Que devez-vous faire ?

Par où commencer ?

Oh, vous avez déjà certainement fait quelques petits réglages par-ci par-là. Par exemple avec vos potards de volume et les balances droite/gauche.

Et après ?

Vous avez peut-être l’impression d’être face à un mur et de ne pas savoir par quel bout prendre les choses.

Voici une longue liste d’éléments pour vous aider !

Vous avez aussi une version vidéo de l’article ci-dessous :

La première erreur sera certainement de se précipiter sur vos plugins d’effets. Distorsion, réverbe, ça donne tout de suite de la couleur. On esquisse un sourire de satisfaction, mais rapidement votre mix devient un brouhaha incohérent. On n’y distingue plus rien.

On n’entend plus la basse…

PAS GRAVE ! Vous montez le volume de la basse.

Du coup, on n’entend plus la batterie…

PAS GRAVE ! On va rajouter 2 db à la batterie.

Ha mais oui, et le chant alors ? On ne distingue plus les paroles…

PAS GRAVE ! On va pousser le chant.

Tous les potars sont presque à fond, et le son est pourri.

Tous vos efforts lors des prises sont malheureusement réduits à néant.

Peut-être vous direz-vous que c’est certainement un problème matériel. Qu’il vous faut un arsenal de plugins à 500€ pièces.

J’ai commis cette erreur.

Du coup, j’ai investi dans du matos et des plugins, et j’ai laissé de côté les VST gratuits trouvés sur Internet.

La vérité, c’est que mon son ne s’était pas vraiment amélioré.

Du coup, j’ai investi dans des formations. J’ai progressé petit-à-petit et un nouveau monde s’est ouvert à moi.

Ha, c’est sûr ! Je ne suis pas Bob Ezrin, ni Martin Birch (chacun ses références…). Mais enfin mes mix actuels n’ont rien à voir avec les premiers. Et j’espère surtout que ceux de l’année prochaine seront encore meilleurs !

Sans démarche ni méthode, vous n’y arriverez pas.

Mais alors, comment faut-il s’y prendre ?

Ici, je vous donnerai quelques pistes de départ afin de bien comprendre les bases. Libre à vous de les consolider et de les approfondir. Je propose ici beaucoup d’éléments pistes qui m’ont été très utiles et qui m’ont fait progresser.

Cet article n’est pas un tutoriel avec des exemples de mixage. Bien souvent, on se réfugie dans ce genre de tutos et on en oublie les idées de base absolument nécessaires pour aboutir. Une fois ces bases comprises, vous pourrez ensuite aller plus dans le détail.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais vous raconter une petite histoire… (si cela ne t’intéresse pas, cher lecteur, passe directement à la suite de l’article !)

La première fois que je suis allé en studio, comme tout le monde j’étais concentré sur ce que je devais jouer. Lorsque mes prises étaient terminées, il fallait s’attaquer au mixage. Pour moi, cela allait être un truc qui allait être réglé en 10 minutes. Je pensais qu’on repartirait le jour-même avec notre enregistrement sous le bras. M’enfin, oui ! Régler une balance, monter et baisser le volume des instruments, ça va vite !

OULALALALA ! Je suis tombé de haut !

Comment ça ? Il y a d’autres choses à régler ? EQ, compression, kesako ?

Qu’est-ce que cela montre :

  1. que je ne savais pas réellement en quoi consistait le métier d’ingé-son,
  2. que je n’avais strictement aucune notion de son (pour ma défense, en 15 ans de formation classique, cela n’avait pas été abordé une seule fois, j’espère que les cours ont changé depuis…),
  3. qu’il me restait décidément beaucoup à apprendre, à commencer par la patience (bien, Maître Yoda)…

Au cours des différentes sessions, dans différents studios, j’observais les maîtres utiliser leurs tables.

Qu’est-ce c’est ça ? Un equalizer ?

Et ça ? Un compresseur ?

Et ça ? Une réverbe ? Ha, ça je connais ! Il y a un bouton sur mon ampli… Mais je ne comprends pas, il y a plusieurs réglages ?

Et quand j’ai demandé à quoi servait un EQ, on m’a répondu :
– Cela permet d’augmenter ou de diminuer certaines fréquences.
– Et comment tu sais quels réglages tu dois mettre ?
– Hé bien, si tu veux augmenter telle ou telle fréquence, tu la montes, et si tu veux la baisser, c’est le contraire !

Autant dire que cette réponse ne m’a pas beaucoup aidée…

Après avoir pris mes premiers cours et formations, j’en ai dégagé mes premières règles de base (ça y est, cher lecteur, voici enfin ce que tu cherches) :

1. Avoir au préalable une vision du mix final

Imaginez votre titre achevé :

  • quel esprit doit-il dégager : ambiance, patate, nostalgie, intimiste…,
  • l’évolution dans le temps : crescendo, contraste couplet/refrain, pont, évitez la linéarité !

Cette étape très importante orientera vos choix artistiques.

2. Quel est l’instrument directeur ?

À mon avis, on ne pense jamais assez à cette question.

L’instrument directeur est celui qui guide le morceau, celui à mettre en valeur et à bien entendre. Ce n’est pas forcément le même durant toute la chanson.

Cela peut être un riff de gratte, ou même le chant (désolé amis chanteurs pour le terme « instrument« ).

3. Il faut entendre tous les instruments, et éviter les masquages

Il y a plusieurs façons de bien entendre toutes les pistes. Bien sûr, elles ne doivent pas être toutes au même niveau, il y a des pistes plus discrètes. On peut travailler sur la balance droite-gauche et l’equalization.

La balance droite-gauche, la spatialisation

Si vous mettez tout au centre, vous risquez de la confusion. Placez donc vos instruments dans l’espace sonore de sorte à mettre aussi en valeur la stéréo. Faites attention à garder un équilibre en terme de gain et de fréquence : cela n’ira pas si vous mettez plus de volume à droite qu’à gauche (je parle en règle générale, pas sur certains passages), et il en sera de même avec tous les aigus à droite et les basses à gauche.

Petite règle de base : gardez au centre le chant, la grosse caisse et la basse.

L’equalization (égalisation en français)

On dit traditionnellement que l’oreille humaine entend de 20 Hz à 20 kHz. On divise en général le spectre fréquentiel en 4 zones audibles (parfois plus, d’ailleurs les fréquences sont indicatives et varient selon les livres) :

  • les graves (de 20 Hz à 200 Hz),
  • les bas-médiums (de 200 Hz à 2 kHz),
  • les haut-médiums (de 2 kHz à 6 kHz),
  • et les aigus (de 6 kHz à 20 kHz).

Vous comprendrez les limites des 2 petits boutons « bass » et « treble » de nos chaînes Hi-Fi !

Le problème est que les instruments et la voix (ou autres…) peuvent se trouver dans les mêmes fréquences, et de ce fait se gêner les uns les autres.

Il se produit donc un effet de masquage qui empêche une bonne compréhension sonore.

Les EQ pourront vous aider à éviter ces masquages. Cet outil nous permet de baisser ou d’augmenter les niveaux à certaines fréquences.

Ainsi en façonnant le spectre des instruments, vous libérerez de la place pour chacun d’eux dans le mix.

Un exemple courant est celui du conflit basse-grosse caisse. Sans vigilance, vous entendrez un brouhaha dans les basses. Épurez donc certaines zones du spectre afin de bien les séparer. Procédez de même pour vos autres problèmes de masquage !

Attention, attention !!! Il faut penser à baisser les fréquences qui vous gênent plutôt qu’à augmenter ce que vous n’entendez pas correctement. Sinon, vous foncez directement vers la surenchère sonore !

4. Contrôler la dynamique

La dynamique est en gros la différence entre votre signal le plus fort et le plus faible. Par exemple, lors d’un mix, on ne peut pas se permettre des hausses de volume incontrôlées d’un instrument.

Pour contrôler cette dynamique, il existe plusieurs outils : le compresseur, le limiter et l’expander-gate.

Le compresseur

Le compresseur, comme son nom l’indique, vous permettra de compresser le signal de votre piste. Il « absorbera » les hausses de volume incontrôlées et vous aurez ainsi une maîtrise du gain.

Les réglages courants des compresseurs sont le threshold (le seuil en dB, c’est-à-dire le niveau à partir duquel agira le compresseur), le ratio (la « quantité » de compression), le make-up gain (le gain pour compenser la perte de volume due à la compression).

On trouve aussi 2 réglages temporels sur les compresseurs : l’attack, et le release. L’attack est le temps que mettra le compresseur à commencer son action (cela permettra soit de compresser tout le signal, soit de laisser passer des transitoires qui accentueront l’attaque). Le release est le temps de relâchement, c’est-à-dire le temps que mettra le compresseur à relâcher son action. Il faudra utiliser ces paramètres avec précaution afin de garder un son naturel, sauf bien sûr si c’est l’effet recherché…

Il faudra contrôler la dynamique des pistes individuellement, mais aussi du mixage global. Mettre un compresseur sur la piste master permettra par exemple d’obtenir un effet « glue » qui donnera de la cohésion au son.

Il y a d’autres utilisations d’un compresseur, cela dépasse le stade d’initiation de cet article.

Le limiter

Il agit comme un compresseur, mais d’une façon plus extrême : une fois le seuil réglé (threshold), il ne laissera rien dépasser ce seuil (ratio 1:infini). C’est par exemple utile au mastering par exemple pour augmenter le gain d’une chanson (évidemment sans excès…), sans jamais la faire saturer (dépasser 0dB).

L’expander-gate

C’est le contraire du compresseur. Les boutons de réglages de base sont les mêmes, mais au lieu de compresser, il va « écarter » les signaux forts par rapport aux signaux faibles. Le gate sera encore plus extrême (à l’image du limiter) : il ne laissera passer aucun signal en-dessous du seuil défini. Utile pour éliminer des bruits parasites par exemple.

5. N’utiliser des effets que lorsque c’est nécessaire !

Les effets sont de toutes sortes (chorus, delay, reverb, saturation, distorsion, simulation d’amplis, effets analogiques…) Il en sort des nouveaux tous les jours !

Si vous êtes satisfait de votre son, il ne sert à rien d’ajouter des effets supplémentaires. Cela finira par donner un son déformé et non naturel.

Petites précisions sur la réverbération. C’est cet effet qui donnera la profondeur spatiale de vos instruments. Vous pourrez ainsi mettre ce que vous voulez au premier plan, et « reculer » en arrière plan le reste. Cela permet de donner une image réaliste. Il y a des réverbes artificielles, des émulations de salles, là encore le choix est immense !

À mon avis, la règle principale sera de ne pas en abuser

6. Ne pas appliquer les mêmes réglages d’une musique à l’autre !

Chaque titre est unique. Les instrumentations sont à chaque fois différentes. Il est inutile d’aller pomper les réglages d’un mix pour les appliquer à un autre. C’est une erreur très répandue.

7. Mixer est un art, et il n’y a pas de mix « absolu »

N’ayez pas honte de votre mix. Plus vous mixerez, mieux vous mixerez, et plus votre oreille se développera. Soyez musical et non mécanique dans votre approche.

Il y a autant de mixages possibles que de personnes qui mixent. Le votre portera votre griffe, votre vision artistique.

8. Trouvez l’équilibre de l’ensemble, et ne pas vous consacrer aux instruments seuls à seuls

On peut très bien avoir un instrument qui sonne très bien dans le mix, et pas naturellement quand on écoute sa piste seule.

C’est toujours l’ensemble qui compte !

Par exemple, si vous baissez des fréquences d’un instrument pour éviter le masquage, cet instrument ne sonnera pas toujours naturellement écouté seul. Vous sentirez des « creux » dans le spectre de fréquence. Mais votre mix n’en sera que meilleur !

9. Chaque réglage peut déséquilibrer l’ensemble et il faut sans cesse les modifier

Un réglage ou un effet sur une piste rompra l’équilibre du mix, et vous devrez peut-être effectuer des changements sur les autres, même si elles ont déjà été traitées.

10. Écoutez comment sont mixées vos chansons préférées (et aussi les autres…)

On apprend énormément par l’écoute. Plus jeune, je n’étais concentré que sur les notes jouées par tel ou tel instrument, mais jamais par le son. Il m’a fallu élargir mon écoute. Avec le temps, en mêlant mixage et écoute, on parvient à entendre à peu près quels effets ont été appliqués.

Un bon exercice est de tenter de reproduire les sonorités que l’on entend.

Pour vous mettre dans la confidence, c’est un point que je dois encore largement travailler…

11. Faites des pauses fréquentes lors de votre mix, afin de reposer vos oreilles !

« Vite, je veux finir pour ce soir », « Je suis dedans, je continue », etc.

Ce genre de phrase me pollue l’existence, et il faut admettre que cela n’entraîne au contraire rien de productif.

Non seulement faire des pauses relaxe les oreilles, mais vous risquez pendant ces pauses d’avoir de nouvelles idées. Avoir la tête dans le guidon obscurcit les choix, et on perd un peu le côté artistique.

Déroulement

Enfin, je vais vous donner ici un déroulement possible des étapes de mixage. Cela vous donnera une procédure à suivre si vous ne savez pas par où commencer.

  • réglez les niveaux (volume de chaque piste),
  • réglez la balance,
  • filtrez les fréquences (EQ, masquage…),
  • réglez la dynamique,
  • appliquez vos effets,
  • réglez les reverbes,
  • et on recommence au début jusqu’à satisfaction !

Ce n’est pas une règle d’or, mais cela peut vous débloquer. Cela vous donne une méthode.

N’oubliez pas que c’est votre pratique qui vous fera avancer !

Pour finir et aller plus loin, voici un livre qui m’a beaucoup apporté :


Mixing Audio: Concepts, Practices and Tools
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Mixing Audio: Concepts, Practices and Tools 3e édition, format livre ou numérique
http://amzn.to/2CMR1dT

Ce livre est vraiment très intéressant. Il a été mon premier investissement pour me former.

Attention toutefois, il est en anglais. Mais rassurez-vous : ce n’est pas du Shakespeare !

En plus, le DVD-ROM fourni contient de très nombreux extraits audio qui montrent les effets et leurs réglages.

Cerise sur le gâteau : l’auteur nous mixe 3 titres d’univers musicaux très différents de A à Z.

Je voudrais aussi vous avertir par rapport aux tutos que vous trouverez sur YouTube par exemple. Certains sont vraiment très bons, mais il faut vraiment faire le tri. D’autre part, vous risquez très rapidement de vous noyer sous la masse d’informations et d’astuces, et d’en oublier l’essentiel, à savoir les point décrits dans cet article.

Vous étiez bloqué ?

Vous avez maintenant une direction à suivre et une méthode précise à appliquer.

Avec ce que vous avez lu ici, vous devriez rapidement voir vos mix grandir en qualité.

Mais je dois quand même vous dire qu’appliquer ces règles vous fera progresser, mais il vous faudra quand même du temps pour vraiment les intégrer.

Vous verrez aussi qu’avec une pratique régulière, votre oreille se développera, et vous développerez des automatismes.

Maintenant, vous allez retourner sur votre mix. Vous me virez tous les effets, et vous remettez tous les potars à 0 dB.

Et posez-vous les questions de l’étape n°1.

À vous de jouer.

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Cet article a 10 commentaires

  1. Marie

    Merci 1000 fois !

  2. Liatecy

    Top cet article! Merci pour ces précieux conseils! Maintenant je me mets au boulot!

  3. Pascal

    Bonjour
    Merci pour l’article. Petite question. Dans une chanson par exemple piano, basse, strings, guitare et voix, au fur et à mesure de la chanson, est-il nécessaire d’ajuster les volumes de certains instruments pour ne pas cumuler leur dynamique avec celle des voix? Par exemple baisser un peu le piano au moment du chant et le remonter en sortie de phrase ?
    Merci

    1. Bonjour,
      Il peut en effet être intéressant de baisser les volumes de certains instruments pour faire ressortir la voix.
      Cela peut se faire :
      – grâce aux arrangements, en jouant tout simplement différemment quand il y a du chant
      – grâce à une variation de volume
      – grâce à une equalisation, en baissant certaines fréquences pour mieux entendre le chant
      – avec une compression pour baisser le signal quand la voix principale est là.
      À bientôt pour la suite et merci pour le commentaire !

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